Un journaliste s’est interrogé sur l’utilité des prévisions de trésorerie en confrontant le sujet avec l’intelligence artificielle. Pour ce faire, l’auteur s’est intéressé aux objectifs, enjeux et rôle du grand argentier de l’entreprise en matière de prévision des flux de trésorerie, avec ou sans intelligence artificielle.
La fonction du trésorier consiste principalement en la gestion des flux de trésorerie, qu’il s’agisse de ceux déjà constatés ou de ceux à constater. Son rôle ne se limite évidemment pas là. Une partie essentielle de sa fonction consiste aussi à prévoir.
Pour répondre à des enjeux stratégiques, le trésorier se doit d’anticiper ce qui va se passer, à plus ou moins long terme. Raison pour laquelle les acteurs des fintechs se sont penchés sur la question des prévisions de trésorerie.
En la matière, une comparaison avec le contrôle de gestion permet de définir précisément le rôle du trésorier. En effet, étant responsable de la bonne utilisation des finances de l’entreprise, le trésorier s’intéresse principalement aux flux d’encaissement et de décaissement.
Il anticipe afin de couvrir les besoins de trésorerie, et s’interroge sur les mouvements à venir. Pour avoir le temps de réagir, ses prévisions doivent couvrir des horizons plus ou moins éloignés. Selon le contexte, elles peuvent porter sur une journée, une semaine, un mois, et bien souvent un trimestre. Les objectifs du trésorier se résument ainsi à quelques mots d’ordre : négocier, alerter, couvrir, anticiper et réagir.
Pour mener à bien cette mission, l’organisation est essentielle. Celle-ci peut différer selon que le trésorier assure seul la gestion d’une société, ou pilote la trésorerie de plusieurs filiales nationales ou internationales, et s’appuie par conséquent sur une équipe.
Dans ce dernier cas, il importe de standardiser la définition des flux, afin que tous les acteurs adoptent le même langage. Cela permet d’éviter toute confusion entre les flux de nature financière et les flux comptables.
En ce qui concerne la méthodologie dans la constitution de la prévision, le court terme est toujours privilégié par le trésorier. À travers une approche par les flux, il confronte les prévisions et les réalisations en se basant sur sa connaissance et la saisonnalité des flux, et s’efforce ainsi d’anticiper les mouvements à venir et de reproduire leurs cycles de réalisation.
En d’autres termes, si le solde de trésorerie constitue le principal référentiel du trésorier, le contrôleur de gestion s’intéresse plutôt au bilan de l’entreprise. À la différence du trésorier, ce dernier s’intéresse davantage aux prévisions du budget, des ventes et des achats.
Il pilote le résultat d’exploitation, et le trésorier gère les risques en pilotant la trésorerie. L’un ne peut pas voir le mur arriver, l’autre si, car l’encaissement d’une vente n’est pas toujours immédiate ni évidente.
Le contrôleur de gestion produit un budget détaillé permettant d’orienter les décisions de la direction de l’entreprise. Le trésorier, à son tour, y apporte une traduction financière et veille à ce que le budget soit réaliste et équilibré.
D’où la question de la réconciliation entre le budget de trésorerie du contrôleur de gestion et celui du grand argentier. Un sujet auquel l’intelligence artificielle n’a jusqu’ici pas de solution.