Pour les professionnels de la montagne, l’ouverture de la prochaine saison est certes pour quelques mois encore. Toutefois, ces derniers s’accordent à dire qu’ils éprouveraient beaucoup de difficultés à y parvenir. Simplement parce qu’ils n’auraient pas les moyens financiers pour supporter le poids de leur facture d’électricité alourdi par la flambée tarifaire qui a tendance à se renforcer.
Des difficultés à satisfaire leur besoin de trésorerie le plus basique, c’est l’un des impacts les plus marquants de la crise sanitaire sur la situation financière et économique des professionnels de la montagne. Et alors qu’ils viennent à peine de sortir de ce passage difficile qui a duré près de deux ans, une zone d’ombre est venue ternir leur espoir de renouer les liens avec la rentabilité.
À quelques mois de l’ouverture de la prochaine saison, ces derniers s’interrogent en effet de leur capacité de mener à bien leurs activités. Non pas sans raison puisqu’ils estiment que la flambée du prix de l’énergie ne manquerait pas de leur mettre des bâtons dans les roues pour les inciter à demander la mise en place d’un bouclier tarifaire de la part du gouvernement.
Il y a peu de temps, le gouvernement s’est adressé aux entreprises pour les inciter à respecter la sobriété énergétique cet hiver dans le but de limiter les impacts de la pénurie d’énergie qui n’arrête pas de gagner du terrain depuis la guerre en Ukraine.
Les professionnels de la montagne en sont d’ailleurs concernés selon Frédéric Géromin soulignant que :
Nous sommes prêts à participer à l’effort cette saison en ralentissant les appareils, en décalant les horaires d’ouverture ou en supprimant le ski nocturne.
Frédéric Géromin
Profitant de l’occasion, ce responsable a d’ailleurs fait savoir que dans un contexte d’explosion des prix concernant la consommation d’énergie des opérateurs de la filière, le gouvernement devrait mettre sur pied un bouclier tarifaire à l’instar de celui accordé aux particuliers.
Un point de vue partagé par Sébastien Giraud, directeur général de la régie des remontées mécaniques de la station de Villard-de-Lans.
Si les professionnels de la montagne demandent la mise en place d’un bouclier tarifaire, c’est qu’il y a bien une raison, la flambée des prix de l’électricité. D’après Sébastien Giraud :
La facture d’électricité représente 5% de notre chiffre d’affaires en moyenne. Avec la hausse des prix, elle en représenterait entre 20 à 25%.
Sébastien Giraud
Et ce n’est pas faute de le croire selon ce responsable indiquant que le mégawattheure est actuellement évalué entre 800 et 1 000 euros, alors qu’en 2021 encore, il était dans les environs des 55 euros. De quoi, pénaliser fortement la filière selon cet expert indiquant que :
Ça mettrait en péril toute l’activité de la station, car il y a aussi les restaurants, les écoles de ski. C’est entre 1 000 et 1 500 personnes qui seraient au chômage.
Sébastien Giraud
Et d’ajouter :
En l’état actuel des choses, nous ne serons pas en capacité d’ouvrir la station, car on ne pourra pas payer notre facture d’électricité.
Sébastien Giraud
Une situation qui concernerait environ 70% des stations d’hiver selon les estimations incitant Frédéric Géromin à dire que :
Si aucune solution n’est trouvée, la question de l’ouverture des stations se pose. C’est une situation économique à laquelle on ne pourra pas faire face.
Frédéric Géromin
Et de faire remarquer que :
Ce qui est certain, c'est que cette problématique va accélérer notre remise en question concernant la sobriété énergétique, même si les Domaines skiables de France se sont déjà engagés en 2021 à réduire de 10 à 20% leur consommation d'électricité.
Frédéric Géromin
