L’apport de Bpifrance en matière d’accompagnement et de financement des entreprises est indéniable. Elle a par ailleurs résolu ses problèmes de gouvernance et organisé efficacement les actions des différentes entités qui la composent. Néanmoins, la Cour des comptes relève des dysfonctionnements.
Par le biais de Bpifrance, les entreprises peuvent mobiliser tous les types d’instruments financiers afin d'obtenir un financement entreprise. Dans la continuité de CDC Entreprises, le groupe renforce sa participation en fonds propres. Les crédits, auparavant accordés par Oséo, augmentent également.
Toutefois, les interventions de la banque publique créent de nouveaux risques. En matière d’innovation, notamment, les fonds privés n’ont qu’une place minoritaire sous la pression de la masse des fonds publics. Par ailleurs, les investissements directs, en constante progression, s’accompagnent de risques, que pourraient pourtant supprimer des participations sous forme de fonds.
Enfin, dans un souci de s’adapter au contexte économique et financier, la banque augmente les investissements dans les ETI. Si la démarche est légitime, elle la détourne de son positionnement initial. Par ailleurs, la Cour déplore le choix d’entreprises à faible intérêt stratégique ou pour lesquelles un financement privé aurait été plus pertinent. Enfin, son portefeuille de participations dans les moyennes et grosses capitalisations reste surdimensionné.
Si les performances financières et ratios de solvabilité de Bpifrance sont positifs, deux problèmes se posent. D’une part, les dépenses d’exploitation ont fortement augmenté. De l’autre, les financements publics surabondent pour répondre aux nouveaux besoins posés par la croissance fulgurante de son activité de financement et de garantie.
En parallèle, Bpifrance s’est délestée de son portefeuille de participations historiques, se privant d’une potentielle source de plus-values substantielles. Or, sans ces ressources, elle doit trouver de nouveaux investissements afin de disposer de liquidités suffisantes et préserver sa rentabilité.
L’État doit en outre s’interroger quant à la poursuite de son intervention auprès de Bpifrance d’ici à 2019. En plus de l’évaluation des moyens disponibles à cette échéance, il doit revoir l’ordre d’importance des dispositifs de financement public.
Pour assurer la pérennité de Bpifrance, la Cour préconise 10 mesures. On retrouve parmi les points clés : l’instauration d’un système de gestion des risques respectueux à 100 % des exigences règlementaires ; la maîtrise des salaires des cadres dirigeants ; la dissolution de l’entité portant la participation de l’État.