Le congrès national des tribunaux de commerce de France s’était tenu le 9 décembre dernier à Marseille. C’était l’occasion pour des centaines de juges de débattre sur un sujet qui leur tient à cœur : le financement des petites et moyennes entreprises, et de tordre au passage le cou à quelques idées reçues qui ont la dent dure.
Si Bruno Nivière, président du tribunal de commerce de Marseille, reconnait que l’argent est le nerf de la guerre pour les TPE-PME, il regrette toutefois que les dirigeants attendent le dernier moment pour trouver le chemin du tribunal, le plus souvent lorsque le redressement de l’entreprise n’est plus possible. Il estime ainsi que « les cabinets d’expertise juridique et comptables doivent convaincre leurs clients de venir exposer leurs problèmes au tribunal. Une difficulté d'entreprise est une mauvaise passe, pas une fatalité ».
De son côté, Stephan Brousse, président-directeur général de Brousse Vergez SA, est revenu sur le rôle important des banques dans le financement de l’économie, souvent pointées du doigt pour leur frilosité à financer les petites entreprises. « Les banques doivent être considérées comme des alliés, et non comme des ennemis », lance-t-il. Avant de battre en brèche une autre idée reçue qui a également la vie dure : les problèmes de trésorerie des TPE-PME ne sont ni la faute du Président de la République ni celle des banquiers.
Personne ne remettra en doute ses paroles, lui qui est membre du conseil de surveillance de la Société marseillaise de crédit (SMC) et qui doit en connaitre plus sur le sujet que n’importe qui. Il recommande ainsi aux patrons français de « collaborer étroitement avec le banquier, l’assureur crédit ».
Il a également insisté sur le « travail considérable de Bpifrance, qui mobilise avec ses partenaires d’importantes sommes pour soutenir les entreprises ». Pour lui, cela ne fait aucun doute, « il manque en France des actionnaires, des personnes qui investissent davantage dans les structures ».
Pour sa part, Jean-Jacques Cambounet, directeur régional Paca de la Banque de France, a passé en revue quelques clichés bien tenaces : « le crédit bancaire est la seule option de financement possible pour les TPE-PME » ; « les banques sont seulement là lorsqu’on n'a pas besoin d'elles » ; « l’herbe est plus verte au-delà des frontières ».
Bien entendu, toutes ces affirmations sont complètement fausses, comme le prouvent les chiffres : « Certes, le crédit professionnel s’est élevé à 900 milliards d’euros. Mais c’est moins que l’apport en capital (5000 milliards d’euros) ou les crédits interentreprises (2000 milliards d’euros) ».
Concernant le deuxième point, Jean-Jacques Cambounet a tenu à rappeler que « dans plus de huit cas sur dix, les petites et moyennes entreprises ont vu leur demande de financement acceptée ».
Enfin, par rapport au dernier point, il estime que « la France reste l’un des pays de la zone euro où on se finance le mieux. C'est aussi dans l'Hexagone que le crédit est le plus développé. »