Pourquoi est-il urgent de mettre fin à l’action des « fonds vautours » ?

Paiement dettes

L’affaire Vivarte, et plus généralement, la crise que traversent des groupes sous LBO, illustre les dérives du marché de dette, pratiquement sans contrôle, car dépourvu de régulation. Mais c’est aussi la conséquence du laxisme des années 2000 autour des fonds qui ont adossé des dettes déraisonnables aux sociétés qu’ils rachetaient. Il est temps de mettre fin à ces pratiques.

Opérations d’acquisition « irresponsables » d’entreprises dans les années 2000

Au début du millénaire, de nombreuses sociétés affichant un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros ont été reprises par endettement (Leverage Buy Out ou LBO). Mais sur des secteurs dont la croissance ne dépasse pas 2 %, une marge de manœuvre limitée bride leurs capacités de remboursement des intérêts de crédit.

Et alors que les actionnaires-managers leur adossaient des dettes excessives, ces derniers ont bénéficié de plusieurs dizaines de millions d’euros de plus-values de cession. Quant aux partenaires de fonds, ils percevaient des « management fees » colossaux. Et cela, dans un cas comme dans l’autre, sans ajouter de valeur.

Alors que l’investissement est crucial, les entreprises, pressées d’honorer la dette, délaissent la modernisation des outils au profit d’investissements de court terme, la croissance externe en tête.

Le danger des « fonds vautours » pour les entreprises en difficulté

Si le LBO peut être une technique efficace de financement des entreprises, notamment lorsqu’il s’agit des fonds d’investissement de private equity, il existe aussi des « fonds vautours » aux méthodes plus que douteuses. Pour le contrôle des sociétés ciblées, ils ne reculent devant rien pour l’affaiblir : rumeurs auprès des partenaires d’affaires, manipulation de la presse et de la sphère Internet, lobbying…

Sous la pression, le dirigeant, devant qui le fonds brandit déjà le spectre du limogeage, n’a de choix que l’opposition, mettant en péril sa réputation et son avenir professionnel, ou l’acceptation, poussée par son conseil d’administration.

La séparation d’avec les fonds actionnaires est immédiate, que le dirigeant opte pour un mandat ad hoc, une renégociation d’un abandon des dettes ou une autre procédure amiable ou collective.

Nécessaire création d’une autorité de régulation

L’urgence est d’instaurer un régulateur sur le marché des dettes, à l’image de l’AMF pour le marché boursier français. C’est l’unique moyen d’éviter aux entreprises un redressement judiciaire, la liquidation de leur holding financier ou des procédures telles que la conciliation ou le mandat ad hoc, sans oublier les « amend to extend ».

En attendant, les chances de sortie d’un LBO « en détresse » sont minimes. La plupart des entreprises vont passer par une succession de plans sociaux, d’éviction de leurs dirigeants, jusqu’à la cession d’actifs. Les pouvoirs publics doivent réagir et mettre enfin les fonds face à la réalité.

Retour au de page