Selon un rapport publié par l’ANSA, le nombre d’actionnaires individuels a fortement reculé en France au cours des quinze dernières années. Une situation qui s’explique en grande partie par une fiscalité pénalisante pour les petits investisseurs.
Le nombre d’actionnaires individuels en France a baissé de moitié au cours des quinze dernières années. La part de leurs placements financiers investis en actions cotées directement ou indirectement a considérablement chuté sur cette période, passant de 22 % à 13 %.
C’est le constat inquiétant dressé par l'Association nationale des sociétés par actions (ANSA) dans son rapport « Agissons d’urgence pour la croissance ». Selon certaines estimations, entre 3 et 3,3 millions « seulement » de foyers continuent de détenir des actions d’entreprises en 2016, alors qu’ils étaient encore 3,7 millions à en posséder il y a deux ans, et environ 7 millions au début des années 2000.
Les causes de ce désamour ? Les nombreuses crises qui ont secoué le secteur financier ces dernières années et qui ont dissuadé des millions de particuliers français à investir en Bourse, la forte volatilité du marché, l’essor croissant de l’intermédiation bancaire et son impact négatif sur l’investissement direct, mais surtout une fiscalité de plus en plus contraignante.
En effet, le poids de la fiscalité du capital a littéralement explosé en vingt ans. Par exemple, la taxe appliquée sur les dividendes perçus par un contribuable exonéré de l’impôt sur le revenu a été multipliée par dix entre 1995 et 2015, passant de 4,4 % à 49 %.
Pour ces mêmes contribuables, la tranche marginale d’impôt sur le revenu a été abaissée à 30 % en 2015, alors que le taux de prélèvements sur les revenus du capital a, quant à lui, bondi à 59,1 %.
Concrètement, pour le cas d’une entreprise française qui réalise 1000 euros de bénéfices, elle ne pourra verser à ses actionnaires qu’un dividende net de 236 euros, contre 537 euros en Italie ou encore 514 euros en Allemagne.
Autre point noir sur le tableau et qui pénalise fortement la France : le manque cruel d’Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). Le rapport note ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement, couplées aux difficultés à obtenir un prêt professionnel auprès des banques, constituent un véritable frein au développement des PME.
Par ailleurs, l’ANSA souligne que le tissu économique français est composé majoritairement d’entreprises familiales qui sont souvent moins pérennes.
Aujourd’hui, le nombre d’ETI en France est estimé à 4600, moins qu’en Italie (8000) ou en Allemagne (12 000). Or, en 1980, elle en comptait le double.
De ce fait, l’ANSA propose plusieurs pistes pour relancer l’actionnariat individuel en France. Parmi les mesures suggérées par l’association, citons entre autres la suppression de l’ISF qui, en plus d’être inefficace, est coûteux et contre-productif, la création d’un PEA jeunes pour les plus de 16 ans, dont l’objectif est d’« encourager l'apprentissage du placement à risque en actions auprès des jeunes générations », ou encore un allègement de la fiscalité des dividendes pour la rendre plus attractive auprès des investisseurs particuliers.