En mars dernier, la banque centrale américaine a relevé ses taux d’intérêt directeurs de 0,25 %. L’une des conséquences attendue est une remontée des taux à long terme des deux côtés de l’Atlantique. En France, une éventuelle augmentation rapide fait peser un risque important sur l’épargne placée sur les contrats d’assurance-vie en euros.
Par ce récent ajustement de ses taux, la Fed veut faire passer les taux interbancaires à 0,75 % à 1,00 %. En effet, malgré la longue période de taux faibles passée, la croissance économique n’est toujours pas au rendez-vous. Le problème est l’importance de l’encours mondial de dettes, qui poursuit sa croissance.
Alors, comment expliquer la hausse des taux directeurs par la Fed ? Celle-ci est une réponse à la croissance économique de 2,6 % enregistrée aux États-Unis en 2015, combinée à la baisse du taux de chômage à moins de 5 %.
Encore faut-il que la reprise dure, puisqu’en 2016, le taux de croissance est tombé à 1,6 %. Par ailleurs, il faut que l’inflation continue à augmenter après les +2,7 % réalisés sur un an à février. Pour les observateurs, la question est de savoir si les taux à long terme vont remonter dans le sillage des taux directeurs et des taux à court terme afin d’entraîner une diminution du prix des actifs financiers et immobiliers.
Au vu du rythme de hausse actuel des taux directeurs (moins de 0,50 % contre 2,50 % en temps normal), il semble que la politique de la Réserve fédérale soit simplement une « normalisation » afin de laisser la reprise économique se consolider. Aucun décollage marqué des taux à long terme n’est donc attendu.
Contrairement à la Fed, la Banque centrale européenne poursuit son programme de rachats massifs d’obligations d’état et d’obligations d’entreprises. En outre, elle maintient ses taux directeurs à 0 %. Dans la zone euro en effet, la croissance économique est moindre et le taux de chômage, nettement supérieur. Cette politique accommodante permet aux banques de proposer des taux de prêt professionnel, de crédit immobilier, etc. très compétitifs.
Quant aux taux longs, ils sont toujours bas malgré une inflation en croissance de 2 % p.a. en début d’année, essentiellement à cause de la variation positive des prix du pétrole. Néanmoins, leur remontée semble inévitable.
Les experts espèrent simplement qu’elle ne soit pas trop rapide, autrement les détenteurs des 1400 milliards d’euros d’épargne placés sur les contrats d’assurance vie en France risquent de perdre gros.
En effet, les sommes engagées sont investies essentiellement en obligations, aux rentabilités actuellement faibles. En cas de hausse rapide des taux (et donc de baisse des prix), et d’afflux d’épargnants désireux de rompre leur contrat pour transférer leur épargne ailleurs, les compagnies d’assurance seraient contraintes à une vente à perte des obligations de leur portefeuille. Conséquence, elles seraient dans l’incapacité de garantir le capital des clients et courraient à la faillite.
Afin de protéger les compagnies d’assurance de la faillite, la loi Sapin 2 permet dans certains cas le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) à bloquer les sorties des contrats d’assurance vie en euros des épargnants. Le gel peut intervenir pour trois mois au maximum, avec une possibilité de renouvellement.