Avec les taux d’emprunt très bas, la dette des grandes entreprises a augmenté de manière préoccupante. La Banque centrale ne cache pas son appréhension quant à la capacité des sociétés concernées à éponger leurs dettes. D’autant plus que l’année dernière, il a fallu aux entreprises 42 mois de financement par leurs propres capitaux pour ce faire.
Important Au lieu de réduire le recours au crédit professionnel, les entreprises françaises ont profité de la faiblesse des taux pour continuer à s’endetter.
Face à cette hausse incessante de l’endettement, la Banque de France a lancé un appel à la prudence. L’institution a en effet remarqué que
« La dette financière nette des grandes entreprises françaises – qui correspond au montant de la dette après déduction de la trésorerie disponible – n’a cessé d’augmenter au cours des cinq dernières années ».
Cependant, leur rentabilité opérationnelle décline malgré l’amélioration de leur taux de marge global.
En conséquence, la dette des entreprises a progressé beaucoup plus rapidement que leur capacité à s’autofinancer.
Pour preuve, en 2018, le délai de remboursement équivalait à trois ans et demi d’autofinancement, contre seulement deux ans et demi cinq ans plus tôt. Cette progression de l’endettement est liée par ailleurs à la fréquence des opérations de croissance externe.
Au cours des trois dernières années, l’ouverture du capital aux investisseurs est devenue une pratique courante pour obtenir des financements. Un fait qui concerne 54 % des multinationales sur la période 2016 à 2018, contre seulement 43 % sur les trois années qui ont précédé cette période.
Or, la charge de telles dettes pèse sur les revenus futurs des organisations, qui pourtant peuvent être surévalués. Ce qui inquiète davantage encore la Banque de France.
Important D’autant plus que le coût du crédit s’annonce toujours aussi bas pour l’année à venir, et que les entreprises peuvent être tentées d’emprunter davantage.
Cette situation affecte la solvabilité des entreprises. En effet,
« Même si elle reste sans danger sur un intervalle de temps assez court, elle peut être source de crise à plus long terme »
Estime l’institution.
Cette dernière redoute particulièrement une dégradation de la capacité des entreprises à rembourser leurs emprunts quand les taux repartiront à la hausse.
Important Le fait étant que le coussin de liquidité des grosses entreprises s’est affiné au fur et à mesure qu’elles se sont endettées.
En moyenne, leur rapport « trésorerie sur capitaux propres » n’a cessé de diminuer pour descendre en dessous du seuil d’avant la crise financière. Plus précisément, de 22 % en 2007, ce ratio s’est établi à 21 % en 2018.