La situation économique post-Covid, déjà délicate, traverse désormais de nouvelles crises. La flambée du coût de l’énergie et des taux ainsi que la régression de l’euro face au dollar pèsent sur les entreprises européennes. Les secteurs ne sont toutefois pas affectés de la même manière. Certains trouvent même des bénéfices dans ce contexte.
La situation post-Covid est marquée par des pénuries, impactant le secteur de l’économie. Les finances des entreprises sont aussi affectées par l’inflation, la hausse du coût de l’énergie et les problèmes logistiques. Une personne haut placée de Bercy rapporte que la crise énergétique est la plus importante actuellement. Le dirigeant d’une industrie française s’inquiète, quant à lui, de tous les nouveaux paramètres qui vont peser sur l’économie des entreprises. L’immobilier souffre particulièrement de la hausse des taux et de la tournure actuelle de l’économie rapporte Ano Kuhanathan, représentant d’Allianz Trade. De son côté, le secteur industriel en général ressort perdant face à l’essor du dollar.
Le président de Michelin, Florent Menegaux, constate que les crises ne cessent de s’accumuler. Les taux sont en pleine flambée actuellement. Les entreprises saines n’en souffrent pas. En revanche, les sociétés qui dépendent d’un prêt entreprise pour se financer doivent rembourser deux fois plus qu’un an auparavant. Les taux vont actuellement de 3 à 6 %. Quelques jours plus tôt, le coupon émis par ArcelorMittal frôle les 5 %.
Les taux d’emprunt relativement bas en 2020 et 2021 ont encouragé les entreprises à se refinancer. Cependant, depuis janvier 2022, l’endettement des sociétés européennes a baissé de 29 % comparé à l’année précédente. Eric Tanguy, directeur chez S&P rapporte toutefois que les entreprises européennes disposent encore de suffisamment de liquidités.
L'emprunt d'État a récemment dépassé 4,2 % pour les américains. La France, en revanche, reste à un peu au-dessus de 3 % s’il évoluait à 0,2 % en 2021.
Depuis quelques semaines, les entreprises font face à un problème de change. La Livre sterling retrouve sa valeur dans les années 1980. Celui de l’euro est, en revanche, le plus bas des vingt dernières années comparé au dollar américain.
Eric Tanguy affirme toutefois que l’envolée des taux et le niveau de change actuel est loin d’être catastrophique. Ces phénomènes sont d’ailleurs probablement durables selon lui. Un professionnel explique qu’un euro faible est même bénéfique pour les sociétés, spécialement pour l’achat de biens d’équipement. C’est d’ailleurs une solution pour réduire l’impact du choc énergétique.
Eric Tanguy soulève :
Pour les grandes entreprises exportatrices en euro, l'évolution du taux de change est bénéfique, même si beaucoup de composants et de matières premières sont libellés en dollar et voient leurs prix augmenter, et qu'il faut être capable de répercuter les hausses sur ses prix de vente.
Différents secteurs trouvent une opportunité dans l’effet de change. Hermès a, par exemple, enregistré un bénéfice de 453 millions d’euros pendant les neuf derniers mois. L’Oréal, leader du cosmétique, s’attend à un rebond de 8,1 % sur le chiffre d’affaires. Les acteurs du tourisme en France, de leur côté, accueillent à nouveau les riches voyageurs américains.
Selon Alexandre Saubot de France Industrie, l’aéronautique trouve aussi des avantages avec la différence de coûts. Ses produits sont facturés en euros alors que ceux de ses concurrents sont proposés en dollars. D’un autre côté, ceux qui vendent en euro les produits achetés en dollar se retrouvent en difficulté.