Le financement participatif ne soutient plus uniquement les artistes, associations et créateurs. L’ampleur du phénomène est telle que les observateurs se demandent s’il peut supplanter à terme les banques pour les PME.
Les particuliers ont tout intérêt à s’intéresser au crowdfunding. Ce mode de financement leur permet d’investir dans une PME ou de lui prêter de l’argent ; et ce, en espérant un rendement plus attractif que les livrets d’épargne.
En plus de séduire les particuliers, ce nouveau mode de financement alternatif à la popularité croissante est de plus en plus prisé des petites structures.
D’une part, il offre la rapidité et la souplesse ; au lieu de plusieurs mois pour les formalités auprès des prêteurs traditionnels, une campagne de crowdlending ne requiert que quelques semaines pour la mise en place et la levée de fonds. De plus, les montants prêtés le sont sans garantie ni caution personnelle du dirigeant et le remboursement par anticipation est possible sans pénalité.
Autre avantage, le crowdfunding apporte une réponse aux besoins que les banques sont réticentes à financer : BFR, investissement immatériel, opération de croissance externe...
L’intérêt des entrepreneurs et des investisseurs a poussé les autorités à mettre fin au monopole bancaire grâce à un cadre règlementaire dédié à la finance participative. Celui-ci inclut une loi, deux nouveaux statuts pour les professionnels qui se lancent dans cette activité, et l’association Financement Participatif France (FPF).
Depuis octobre 2014, les plateformes se multiplient, intermédiaires entre les TPE et PME et les épargnants désireux de les soutenir (et à travers elles, l’économie dans son ensemble). Toutes formes de participation confondues (dons, prêts, souscription de titres), en 2015, les experts misaient sur une collecte totale de 300 millions d’euros, soit le double des sommes levées en 2014.
Pour l’heure, en France, le prêt bancaire domine largement le marché des PME, avec un encours de 375 milliards d’euros en avril 2015. Mais l’Hexagone pourrait suivre l’exemple des marchés américain et britannique, où des milliards sont échangés sur les sites de financement participatif.
La menace de l’« ubérisation » menace par conséquent les acteurs du prêt. La proposition de taux plus faibles sans la commission prélevée par la plateforme ne suffit plus à séduire les entreprises. Pour avoir la réactivité et la flexibilité, de nombreux dirigeants de PME sont prêts à en payer le prix. Ainsi, si seulement 3 % d’entre eux sont déjà passés par le crowdfunding, 33 % l’envisagent.
Toujours est-il que le financement participatif n’est pas une solution miracle, mais davantage un outil de financement complémentaire (coûteux) dans une palette large où chaque entreprise doit faire un choix judicieux. Et cela, d’autant que la « qualification » des projets en amont pour éviter les impayés reste un enjeu majeur.
Par ailleurs, les banques, qui ont compris l’intérêt du crowdfunding, se rapprochent des acteurs du secteur, voire montent leur propre plateforme. Une évolution qui fait redouter aux observateurs la dénaturation du dispositif, si le public perd sa place au profit des institutionnels.