En dix ans, l’industrie de l’automobile 100 % électrique a complètement changé, sous l’impulsion de Tesla et de ses modèles futuristes, comparés à des smartphones sur roue. De nouveaux entrants tentent de s’offrir une place sur ce marché d’avenir, avec plus ou moins de succès. Les constructeurs traditionnels avancent eux aussi à pas de géant.
Le paysage automobile était resté figé pendant des décennies, dominé par les géants de l’industrie, tels que Toyota et Ford. Ce statu quo a peu évolué avec l’arrivée des premières voitures électriques sur le marché, où Nissan et Renault faisaient figure de pionniers. Il a fallu attendre l’émergence de Tesla, premier constructeur à produire exclusivement des modèles électriques, pour faire bouger les choses. La compagnie américaine se présente aujourd’hui comme le leader incontesté des ventes de véhicules tout électriques à l’échelle mondiale. Son succès a inspiré bon nombre de start-ups et de constructeurs, désireux d’emprunter le même chemin.
Face à la rapide ascension de Tesla – aussi pour se conformer aux nouvelles réglementations en matière de pollution –, les constructeurs traditionnels commencent enfin à s’intéresser sérieusement au marché du tout électrique. Ils ont l’expérience du métier, la maîtrise technologique et une solide assise financière leur permettant de mener de coûteux travaux de R&D sans forcément passer par la case financement participatif ou levée de fonds en Bourse.
Leur puissance financière et industrielle constitue donc leur plus grand atout dans leur course face aux autres acteurs de l’automobile électrique, en tête desquels figure Tesla. Sur les autres couloirs de la piste, les nouveaux arrivants de l’industrie électrique n’ont pas ces atouts. Plusieurs start-ups ont dû recourir au crowdfunding ou lever des fonds auprès d’investisseurs publics ou institutionnels pour commencer leur développement, sans pour autant offrir des garanties de résultats.
Des entreprises comme Lordstown, Canoo et Nikola ont par exemple opté pour les SPAC pour se financer, mais ont depuis rencontré des problèmes financiers lorsque les cours de Bourse ont plongé. Fisker, Electric Last Mile Solutions, Faraday Future et Lucid ont aussi choisi cette option, qui leur a permis de lever des milliards de dollars indispensables à leur lancement. Pourtant, aucune de ces sociétés n’a encore commercialisé le moindre véhicule électrique.
Les difficultés rencontrées par ces nouvelles entreprises de l’automobile électrique sont peu surprenantes. Même Tesla, à ses débuts, a connu à peu près les mêmes problèmes. La compagnie d’Elon Musk a même frôlé la catastrophe en 2018 lors du développement de son Model 3. Seule différence, l’actuel leader mondial de l’électrique a toujours bénéficié du soutien de ses investisseurs, rassurés par son expertise technologique et sa capacité de production à grande échelle.
Les nouveaux entrants du marché n’ont pas encore cette solidité. Peu d’entre eux peuvent compter sur l’aide d’un gouvernement, à l’image de Nio, sauvée de la faillite par la Chine en 2020. À la différence de ses autres rivales chinoises américaines, cette compagnie a déjà commercialisé des milliers de voitures électriques sur le marché, ce qui est une grande performance, connaissant les obstacles à une production industrielle de ces véhicules. Li Auto et Xpeng, deux autres nouveaux constructeurs chinois, ont aussi franchi cette étape.