En 2021, voir des bateaux à voile acheminer des marchandises commerciales entre les deux rives de l’Atlantique est rare. TransOceanic Wind Transport fait partie des rares armateurs positionnés sur ce filon. L’entreprise vient de lancer une campagne de crowdfunding, sous forme d’émission d’obligations, pour réaliser ses quatre prochains cargos écologiques.
Environ 90 % du commerce international de marchandises repose sur le transport maritime, dominé par les super-cargos au tonnage gargantuesque alimenté par du fuel lourd. Cette industrie génère à elle seule 3 % des émissions de gaz carbonique mondial, une part qui pourrait bondir jusqu’à 17 % si le rythme de croissance actuel se maintient.
Cette perspective n’enchante guère certains acteurs comme TransOceanic Wind Transport ou TOWT, une société qui ambitionne de verdir le fret maritime. Son choix d’affréter des navires à voile pour ses liaisons transatlantiques s’inscrit dans cette logique. Et la compagnie compte bien impliquer les particuliers et les investisseurs institutionnels dans son projet.
TransOceanic Wind Transport fonde son business model sur un fret maritime écologique, peu polluant et respectueux des traditions de la mer. L’entreprise arme de vieux gréements pour acheminer du vin, du chocolat, du rhum, du café et d’autres marchandises depuis l’Amérique latine, les Caraïbes et les Açores vers l’Europe ou les États-Unis. Afin d’élargir sa flotte, elle vient de lancer une campagne de financement participatif visant à soutenir le développement et la construction de quatre nouveaux voiliers en acier.
Ces nouveaux gréements ont des proportions modestes, comparées aux géants des mers affrétés habituellement par les sociétés du transport maritime. Ils mesurent 78,4 mètres de long et affichent un tonnage de 1 200 T par voyage. En complément, ces bateaux peuvent embarquer 12 passagers. Le programme de TOWT prévoit une mise à l’eau du premier exemplaire vers la fin 2022.
La compagnie ne devrait pas avoir de grandes difficultés à remplir ses navires, tant les clients intéressés par ce modèle de fret moins polluant sont nombreux. Pernod-Ricard a déjà réservé ses tickets pour le transport du cognac Martell, des champagnes Perrier-Jouët et Mumm. EthicDrinks en a fait de même, de la même manière que Belco, spécialiste des cafés bio, et le chocolatier Cémoi.
Les plans des voiliers ont été dessinés par les architectes du cabinet nantais H&T. Selon leurs calculs, ces navires pourront rallier New York depuis le port du Havre en seulement treize jours. Sur le trajet, ils brûleront 90 % de fioul en moins qu’un transporteur de même jauge.
Important La construction de ces voiliers devrait avoir lieu sur un chantier français, dont TOWT préfère encore taire le nom.
L’armement a choisi ce chantier après avoir présélectionné cinq chantiers, dont les quatre autres se trouvent :
L’opération de crowdfunding pour ces navires s’étalera sur deux mois. Les contributions des investisseurs français et européens sont fortement encouragées. TOWT entend lever jusqu’à 60 millions d’euros dans cette campagne.
Le ticket d’entrée commence à 100 euros. Le placement sert un rendement annuel de 7 %, assorti d’un délai de remboursement de 6 ans. Si l’armement échoue à réduire de 90 % ses émissions de GES, il s’engage à verser une prime supplémentaire de 1 % aux contributeurs. Selon Guillaume Le Grand, président de TransOceanic Wind Transport, les premiers jours de la levée de fonds ont montré un fort engouement des investisseurs. Il se dit donc confiant dans l’atteinte de l’objectif et de la livraison des quatre voiliers d’ici 2025.