Selon les représentants du gouvernement, la Chine prépare un vaste programme pour promouvoir l'hydrogène, en commençant par son utilisation dans l’industrie automobile. Le pays vise d’ailleurs le million de voitures à hydrogène jusqu’en 2030. Toutefois, pour y parvenir, les acteurs du projet doivent commencer par relever les nombreux défis techniques liés au développement de cette nouvelle source d’énergie.
L’objectif à long terme du gouvernement chinois est assez clair à ce sujet. Le pays compte passer de 2 500 à 1 million de voitures à hydrogène en 2030.
Cette initiative nécessite toutefois une refonte complète de son industrie automobile, que ce soit au niveau du système de production ou de distribution. Pour commencer, le gouvernement va consacrer près de 10,7 milliards d'euros au projet.
Afin de financer cette reconversion technologique, la Chine a notamment supprimé les subventions destinées à la promotion des véhicules électriques. Le pays envisage par ailleurs de transférer la plupart des financements dédiés aux automobiles non polluantes vers le développement des voitures à hydrogène.
En se basant sur les propos des membres du gouvernement, la Chine va désormais miser sur la technologie à base d’hydrogène et ambitionne de mettre en place une société privilégiant cette énergie. Ce projet de grande envergure commencera notamment par le perfectionnement et la promotion des véhicules à hydrogène.
Selon le dignitaire chinois Wan Gang :
Cela doit devenir une priorité nationale, et pour cela nous allons surmonter tous les obstacles qui nous empêchaient jusque-là de développer la pile à combustible.
Wan Gang
Il s’agit d’un des plus hauts responsables en matière de planification des politiques nationales sur le plan industriel et énergétique. Par ailleurs, cet homme politique chinois fait partie des premiers à percevoir l’immense potentiel des électriques et à prédire leur développement exponentiel dans le pays. Actuellement, la Chine compte plus d’un million de véhicules électriques à l’échelle nationale.
La première étape de cette initiative passe par divers changements dans la production d'automobiles. Pour ce faire, le gouvernement a sollicité les grands constructeurs locaux, à savoir Great Wall, Foton, SAIC et Yuton Bus. Ils bénéficient par ailleurs de subventions conséquentes pour financer la phase de recherche et développement des futurs modèles phares de la technologie hydrogène.
D’autre part, après les premiers 10,7 milliards, la Chine compte accroître progressivement le budget dédié à ce vaste projet. Ainsi, en collaboration avec Air Liquide, un consortium local est chargé de créer de nouvelles stations de recharge en hydrogène.
Actuellement, une grande usine de production est aussi en pleine construction dans la région de Guangdong, pour un investissement de près de 1,6 milliard d'euros. L’objectif de cette infrastructure est de livrer 160 000 voitures à hydrogène par an, à partir de 2024.
Vu l’importance de l’investissement dans une flotte automobile, les entreprises doivent être à jour sur les tendances du marché et les perspectives de ruptures technologiques dans le milieu, même à long terme. En effet, si les responsables manquent de vigilance, ils pourraient, par exemple, constituer un parc de véhicules formé essentiellement de diesel, dans un contexte très défavorable à cette motorisation.
Dans cette situation, la révision des subventions sur les hybrides classiques aurait également pu entraîner des pertes considérables. En revanche, les acteurs qui ont su anticiper l’avènement des hybrides rechargeables ont pu profiter pleinement des dispositifs prévus pour promouvoir cette catégorie de véhicule.
Pour l’instant, la Chine ne compte pas basculer complètement de sa technologie actuelle à l’hydrogène. Toutefois, elle souhaite enrichir autant que possible les solutions alternatives disponibles, tout en se focalisant sur les besoins les plus urgents comme la réduction des émissions de CO2. De ce fait, ses projets de véhicules à hydrogène concernent en priorité les poids lourds et les transports publics.
Selon l’expert automobile au Boston Consulting Group, Xavier Mosquet, c'est justement à ce niveau que cette nouvelle technologie s’avère prometteuse. En effet, ces véhicules de grandes tailles sont actuellement les plus pollueurs. D’autre part, les piles à combustible de la technologie permettent d’éviter les problèmes d’autonomie et de recharge de l’électrique.
Comme le souligne Fabien Ferrari, le Directeur Général de Symbio (co-entreprise de Michelin et de Faurecia spécialisée dans la technologie hydrogène) :
C'est un vrai facteur d'accélération pour ce type de mobilité, en premier lieu pour les segments utilitaires et poids lourds […]. Et c'est de très bon augure pour les véhicules particuliers également, qui pourraient décoller de manière décisive dès 2025.
Fabien Ferrari
En dépit de son potentiel, les observateurs sont encore dubitatifs en raison des nombreux défis techniques à surmonter dans la production industrielle d'hydrogène, la fabrication des piles à combustible, etc.