Alors que le coût d’un leasing varie entre 200 et 300 euros par mois, une voiture peut rapporter jusqu’à 70 euros de revenus hebdomadaires, soit 280 euros mensuels. En dépit de ces avantages financiers notables, les entreprises hésitent encore à proposer leurs véhicules en autopartage avec le grand public à cause de multiples raisons. Explications.
Drivy, leader français de l’autopartage, admet que les craintes des entreprises sont fondées. En effet, le manque de technologies, la peur des dommages ou encore les complexités juridiques sont autant de freins à la mise à disposition de voitures en libre-service au grand public. Par ailleurs, les entreprises ont besoin de revoir leur organisation. Par exemple, elles doivent être capables de fournir un véhicule de remplacement en cas de problème.
Le directeur France de Drivy, Quentin Lestavel, estime cependant que la contrepartie financière de l’autopartage est telle que cette pratique mérite que l’on s’y intéresse. Quelles solutions la start-up propose-t-elle pour développer cette activité ?
Chaque week-end, un grand nombre de véhicules d’entreprise demeurent dans un garage car inutilisés. Pourtant, s’ils étaient loués en autopartage au grand public, ils pourraient générer des revenus conséquents pouvant amortir leur achat ou diminuer leur coût de location.
L’idée est certes séduisante mais certaines réalités compliquent la tâche aux entreprises. Par conséquent, l’autopartage demeure une pratique marginale.
Alexandre Bol, co-fondateur d'OpenFleet, explique :
« Le concept de l'autopartage est encore nouveau pour les entreprises. Elles doivent d'abord mettre en place une plateforme d'autopartage reliée à des boîtiers connectés pour optimiser l'usage professionnel de la flotte, puis autoriser leurs employés à se servir des véhicules sur leur temps libre ».
Alexandre Bol.
Des complexités juridiques apparaissent dès cette deuxième étape. Celles-ci concernent notamment la tarification. Le responsable poursuit :
« Les entreprises doivent faire de ce service un avantage en nature, ni bénéficiaire, ni proposé à perte. Le mieux pour y arriver est d'appliquer le barème fiscal kilométrique ».
Alexandre Bol.
Il conseille aux entreprises de procéder par étape avant de s’ouvrir aux particuliers. Une telle ouverture exige d’ailleurs des compétences qu’un gestionnaire de flotte ne possède pas forcément. En effet, il est nécessaire de gérer le marketing BtoC afin de populariser l'offre. Il faut aussi vérifier que les utilisateurs sont solvables. En outre, la mise en place d’un service client pour la gestion des problèmes de toutes sortes est indispensable.
Rentabiliser l’autopartage à l’échelle d’un site ou d’une entreprise peut être difficile. Établir un partenariat avec une plateforme d’autopartage destinée au grand public qui se chargera des aspects business s’avère le meilleur modèle à adopter.
C’est d’ailleurs ce que Drivy tente de faire. Sa stratégie consiste à recourir à Mov'InBlue, le réseau de gestion de flotte B2B de Valeo. Les clients de cette plateforme pourront compléter son service d’autopartage interne par des locations sur Drivy le week-end.
L’interopérabilité développée avec Mov'InBlue permet à la start-up de proposer en location une voiture de société. L’offre a été lancée en janvier dernier. Pour l’instant, elle est testée sur plusieurs sites de grands groupes disposant de flottes de 2 000 à 3 000 véhicules. Une centaine d’entre eux sont mis en location.
Outre les problèmes d’organisation et de compétences, il existe d’autres difficultés.
Alexandre Bol prévient notamment qu’il est indispensable de considérer la question de l’assurance.
Il explique :
« Les tarifs assurantiels sont négociés pour un usage professionnel de la flotte, son ouverture aux particuliers pourrait donc les faire augmenter ».
Alexandre Bol.
Par ailleurs, certains contrats de LLD (Location longue durée) peuvent exclure l'autopartage. En outre, des craintes subsistent quant aux détériorations pouvant être occasionnées aux véhicules par des personnes extérieures. Il faut savoir que la disponibilité de leur flotte est essentielle à l’activité de certains professionnels. Ces derniers ne veulent pas courir le risque de ne pas pouvoir utiliser les véhicules au moment où ils en ont besoin.