Pour différentes raisons, l’Alsace se prépare pour la mise en place d’une nouvelle taxe dédiée aux poids lourds suite à une ordonnance gouvernementale lui accordant le droit de redonner vie à un dispositif faisant penser à l’écotaxe. Un changement qui pourrait avoir des impacts négatifs sur leurs activités selon les acteurs concernés qui n’ont pas hésité à montrer leur crainte.
Dans l’Hexagone, nombreux sont les dispositifs encadrant l’usage de voiture de société sur les voies publiques comme ce fut le cas pour l’écotaxe qui a été mis sur la touche en 2014 sous le quinquennat François Hollande. Tout cela pour en venir au fait qu’après plusieurs années d’absence, ce dispositif dédié aux poids lourds se prépare à faire son come-back.
Du moins, en Alsace qui a récemment obtenu le feu vert du gouvernement pour la création de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) qui dispose de 6 ans pour en préparer les grandes lignes en explorant différentes pistes. En attendant, l’inquiétude gagne les professionnels concernés.
Pour mémoire, l’écotaxe a vu le jour pour la toute première fois en décembre 2005 pour disparaitre par la suite en 2014 après la décision du président François Hollande de le mettre au tiroir. Mais plus pour très longtemps puisque le gouvernement actuel a décidé de changer la donne en lui accordant son ticket de retour en faisant valoir dans une ordonnance du 26 mai 2021 que :
L’exécutif a offert à la CeA un cadre pour instaurer une taxe sur le transport routier de marchandises recourant à certaines voies de son domaine public routier.
Concrètement, ce dispositif concernera l’autoroute A35 de l’axe nord-sud et devrait toucher environ 1 500 camions selon les prévisions de la CeA notant que ce chiffre pourrait varier en fonction des points de comptage. À Jean-Luc Marx, préfet du Grand Est d’expliquer le choix du pouvoir public de redonner vie à ce mécanisme en s’exprimant en ces termes :
La principale justification est celle de pouvoir réguler la circulation dans l’axe rhénan.
Jean-Luc Marx
Non pas sans raison puisque d’après un autre responsable rattaché à ce projet, le taux d’accidents est relativement élevé sur l’axe nord-sud. De quoi inciter l’un des membres de la CeA à dire que :
Il est rapidement devenu évident que l’encombrement du sillon est un sujet majeur et qu’il faut un outil pour le réguler.
Jean-Luc Marx
Sachant que ce nouveau dispositif aurait des traits en commun avec le LKW-Maut, Michel Chalot, propriétaire d’une entreprise de 50 camions basée dans le port de Strasbourg, s’est fixé pour objectif d’évaluer les impacts de cette future écotaxe en se basant sur ce système de taxation adopté en Allemagne.
L’initiative lui permettant de découvrir que cette mesure lui fera payer 300 000 euros par an. Soit, à un niveau nettement plus élevé que son résultat d’exploitation estimé entre 100 000 à 120 000 euros selon ce dirigeant qui ne s’est pas retenu pour dire que :
Je n’ai strictement rien à y gagner, je n’ai que des choses à perdre.
Ainsi, l’inquiétude gagne cet entrepreneur en notant qu’il n’est pas le seul puisque la majorité des professionnels concernés sont aussi rangé sous la même enseigne. La preuve, Marc Moser, président du collecteur Comptoir agricole et membre du bureau de la Chambre d’agriculture Alsace a déclaré que :
Nous véhiculons de 800 000 à 1 million de tonnes par an, ça se traduira sans doute par 300 000 à 400 000 euros de taxe.
Marc Moser
Un avis partagé par la Chambre des métiers d’Alsace qui pense à un déséquilibre concurrentiel accordant l’avantage aux transporteurs utilisant la voie fluviale et les territoires sans écotaxe.